Page 32 - Revue Energie & Stratégie N° 57
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FOCUS






        de  l’intensité  du  trafic  routier  et  du  congestionnement  conduisent à une grande fragmentation de l’action publique
        qui en résulte, aggravé par la circulation de poids-lourds,  à différentes échelles et à son inefficience.
        d’utilitaires et de tous types de véhicules à moteur thermique  De telles carences et défis doivent interpeller les pouvoirs
        (majoritairement diesel, EURO-4).                     publics afin de reconsidérer le système de transport actuel
        Ces derniers sont responsables du phénomène de pollution  dans son ensemble. L’acte d’investir doit être entièrement
        global, et d’émission de GES qui peut causer des troubles  repensé  et  doit  inclure au-delà  des  analyses  descriptives
        respiratoires, des crises d’asthmes et des maladies cardio-  qui n’intègrent pas les coûts non économiques directs et
        vasculaires… Dans un  autre registre, le transport routier  indirects impérativement comment améliorer les points
        logistique est le secteur le plus consommateur d’énergie et  suivants : l’accès à l’éducation, aux opportunités d’emploi, aux
        est par conséquent le plus émetteur de pollution locale et  lieux de vie et à la culture, l’optimisation du temps de trajet,
        globale. Ce secteur souffre de plusieurs défis en particulier :  la cohésion sociale, les besoins sectoriels et l’attractivité des
        • La durabilité et l’empreinte carbone ne sont pas vraiment  territoires, la consommation d’énergie, l’empreinte carbone,
        à l’ordre du jour ;                                   la qualité de l’air, la santé, le bien-être, etc.
        •  L’électrique  est  toujours  considéré,  à  tort,  comme
        coûteux ;                                             Les perspectives de développement
        • Des difficultés de passage à la digitalisation ;    immédiat  et  prospectif de  la mobilité
        • La faible coordination et adhésion des acteurs qui conduit  durable
        au blocage des réformes, dans l’absence de syndicats   a. Une vision résolument tournée vers l’avenir : d’un
        fortement engagés dans le secteur ;
        •  Le  besoin  d’un  changement  du  cadre  de  gestion  des   système de transport déficitaire vers une économie
        contrats d’agrément ;                                 viable de la mobilité durable
                                                              La vision et  les perspectives de développement  d’une
        • La prédominance de l’informel, avec tous les risques et   mobilité durable se réfèrent d’abord à l’exercice des droits
        difficultés qui en découlent.                         fondamentaux et reposent sur des principes fondateurs et
                                                              des objectifs, à savoir :
        Il  convient  de  signaler  aussi  que  la  part  du  rail  dans  le   • Accessibilité, équité et solidarité ; impliquant une réduction
        transport des biens et des marchandises a beaucoup baissé,   de la dépendance au véhicule personnel, grâce à une offre
        alors qu’il peut jouer un relais alternatif durable et viable au   de transport en commun de qualité et des déplacements
        transport routier.                                    optimisés ;

        h. Une réglementation incomplète et peu effective et  • Viabilité et valeur-ajoutée économiques ; impliquant une
        une gouvernance locale complexe                       réduction de la  dépendance  énergétique  aux sources
        La coordination indispensable entre les services responsables  d’énergies fossiles en particulier ;
        de l’organisation des moyens de transport au niveau des  • Préservation des ressources naturelles, de la qualité de
        territoires est insuffisante.                         l’air et de la santé ; impliquant une réduction de l’empreinte
        Le cadre  réglementaire  actuel  souffre de  carences  se  carbone ;
        manifestent à différents niveaux : d’abord des mécanismes  • Il en résulte la durabilité comme point de convergence et
        de gouvernance encore complexes ou non effectifs, du fait  force motrice de tout le processus.
        du récent chantier de la régionalisation avancée qui transfert  L’atteinte  des objectifs poursuivis s’inscrit dans le temps,
        des pouvoirs de l’Etat  central vers les territoires, ensuite  d’une manière prospective et graduelle.
        l’absence d’exigences de durabilité des moyens de transport  Le modèle de mobilité durable proposé, se veut soutenable
        dans  les  textes  de  lois  et  enfin  le  manque  de  moyens  et inscrit dans le cadre d’une économie globale  de la
        suffisants.                                           mobilité, qui intègre l’innovation, au sens le plus large, y
        Les responsabilités  du secteur du transport (routier,  compris technologique et industrielle.
        ferroviaire  et  des  marchandises.)  relèvent  de  plusieurs  Il  repose sur une logique différente, davantage centrée sur
        ministères  qui  agissent  directement  ou indirectement  au  l’individu, comme acteur de sa propre mobilité, ayant pour but
        niveau  des  politiques,  des  stratégies  et  de  leur mise  en  d’optimiser ses déplacements pour qu’il en tire le meilleur parti.
        œuvre, cette multiplicité d’intervenants rend la gouvernance  A cet effet, l’élaboration  de ce modèle de mobilité
        de gestion du secteur difficile.                      durable doit intégrer en amont les politiques sectorielles,
        La multiplicité  des intervenants, prolifération d’études,  l’aménagement  du  territoire,  l’équipement  et  l’urbanisme,
        de stratégies peu convergentes et de plans non intégrés,  comme processus structurant de l’accessibilité aux activités

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