Page 53 - Revue Energie & Stratégie N° 70
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DOSSIER     53

          L’analyse de ces deux tableaux met en évidence deux périodes : celle des SD en service et/ou en réalisation, horizon 2029 ; celle des SD en
          programmation, horizon 2030-2040. Dans les deux cas, l’augmentation des capacités de traitement profite majoritairement à l’augmentation
          de l’offre en eau potable : 55 % pour les SD en service et/ou en réalisation et 61,3 % pour celles en programmation. Par contre, la répartition
          entre irrigation et industrie diverge selon que l’on prend la première ou la seconde période. Elle bénéficie en priorité à l’industrie durant
          la première période (23,2 %), l’irrigation se contentant de 21,7 %. Par contre, situation totalement inverse en seconde période pour les SD
          en programmation : si la contribution à l’offre « eau potable » progresse toujours, atteignant 61,3% de l’augmentation de la capacité de
          traitement, cette progression est sans commune mesure avec celle de la contribution à l’irrigation qui atteint désormais 37,6 %. Cette
          progression se fait essentiellement aux dépens de l’eau industrielle, réduite à un seul projet : celui de l’hydrogène vert. Globalement, en
          cumulant les deux périodes, l’augmentation de la capacité de traitement de l’eau de mer est de 1 257,38 Mm , bénéficiant quasi exclusivement
                                                                                       3
          à l’eau potable (59,7 %) et à l’irrigation (33,7 %), la contribution directe à l’industrie se réduisant à moins de 7 %.
          En conclusion de ce qui vient d’être développé dans cette première partie, on insistera sur les points suivants :Conformément aux directives
          Royales, l’essentiel, voire la quasi-totalité de l’augmentation de la capacité de traitement, profite à l’augmentation de l’offre en eau potable et
          à l’irrigation. Cela concerne, bien sûr, uniquement les villes et les villages côtiers. Ce qui laisse penser que les objectifs affichés seront tenus.
          La montée en puissance de l’utilisation de cette capacité de désalinisation au profit de l’irrigation a de nombreuses explications. Elle devrait
          perdurer, et ce, pour deux raisons. La première tient au fait que si l’eau potable et l’irrigation sont bien des priorités, celle de l’irrigation est
        Désalinisation, barrages et autoroutes de l’eau : les incontournables de la lutte contre le stress hydrique au Maroc
          d’un degré inférieur à celle de l’approvisionnement en eau potable. Aussi, la première conséquence de la rareté en eau a été de la réserver aux
          besoins en eau potable, réduisant ainsi mécaniquement la part réservée à l’irrigation. Il y a donc dans cette montée en puissance un effet de
          rattrapage incontestable. La seconde explication tient aux conséquences de la guerre en Ukraine sur la souveraineté alimentaire, obligeant
          les pays importateurs de blé par, exemple, ce qui est le cas du Maroc, à le produire de plus en plus localement. Ce qui suppose le recours à
          l’irrigation de milliers d’hectares, avec les conséquences que l’on peut imaginer sur l’utilisation de l’eau désalinisée.
               A.    Une capacité de stockage majorée de 4,730 milliards de Mm
                                                                                                          3
          II. AUGMENTER L’OFFRE, EN CONSTRUISANT DE NOUVEAUX BARRAGES ET EN METTANT
          EN PLACE LES AUTOROUTES DE L’EAU
          Le recours aux barrages n’est pas récent aux Maroc. Initié par feu SM Mohamed V, cela répondait alors à un triple objectif : fournir de l’eau
          potable, de l’eau pour l’irrigation et de l’électricité. Les années soixante, à l’initiative de feu SM Hassan II, sont celles de la construction de
          nouveaux et nombreux barrages. Ils ont pour priorité de contribuer à l’irrigation d’un million d’hectares et à la levée de la contrainte d’une
          pluviométrie trop irrégulière, pouvant remettre en cause déjà la souveraineté alimentaire du Royaume. En plein réchauffement climatique,
          à un moment de l’histoire, suite à une guerre en Ukraine qui menace de nouveau la sécurité alimentaire de nombreux pays, c’est donc
               1.
                       Seize barrages en construction, augmentant la capacité de stockage de
          sans surprise que l’irrigation devient elle aussi une priorité nationale, appelant à construire de nouveaux barrages (A), et depuis 2023, et à
          développer les autoroutes de l’eau (B).
                      4 420 Mm    3
          A. Une capacité de stockage majorée de 4,730 milliards de Mm 3
          Comme pour les unités de dessalement, on va distinguer deux périodes : celle de l’augmentation de la capacité de stockage de 16 barrages
          en construction, et celle de 13 autres barrages, en réalisation et programmés à échéance 2030-2040.
          1. Seize barrages en construction, augmentant la capacité de stockage de 4 420 Mm 3
          Le tableau 5 regroupe ces 16 barrages en construction, classés selon l’importance de leur capacité de stockage, en Mm , précisant pour
                                                                                                   3
          chacun d’entre eux le nom, la ville, la province ou la région de rattachement.
                Tableau 5  1/2



                Nom                     Ville / Province         Capacité (Mm³)     Région

                Ratba

                Kheng-Grou

                Moktar Soussi                                                       Sous Massa
                Tamri                                            204,00             Sous Massa

                Sidi Abou                                        200,00

                Ait-Ziat
                Oued Lakhdar

                Ribat El Kheir

                Rhis
                Taghzit                                                 ENERGIE & STRA TÉGIE | 2  E T 3  TRIMESTRES  2025
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                                                                                            E
                Boulaouane

                Béni-Azimane                                     44,00
                Kodiet El Berna

                Tassa

                Akhfamane                                                           Sous Massa
                Idaougnidif                                                         Sous Massa

                Total                                            4 420

               Source : Tableau établi par l’auteur, à partir des informations et données du ministère de L’Équipement et de l’eau /
               carte des barrages en construction.







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