Page 10 - Revue Energie & Stratégie N° 59
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10 ENÉVEMENT
M. Emmanuel PODAIRE :
« la décarbonation constitue un enjeu majeur,
aussi bien pour le Maroc que pour l’Europe »
e son côté, Emmanuelle Podaire, Policy Officer à la Commission
européenne, a relevé que la décarbonation constitue un enjeu
Dmajeur, aussi bien pour le Maroc que pour l’Europe, ajoutant que la
réduction des émissions européennes de CO2 doit s’accélérer fortement,
afin d’atteindre les cibles ambitieuses que l’Europe s’est fixée.
Après avoir rappelé que la Commission européenne a présenté de
nouvelles mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
de 55% d’ici 2050, M. Podaire a mis en exergue la nécessité de réduire
les consommations énergétiques et d’accroître les efforts d’efficacité
énergétique, en privilégiant des solutions performantes dans divers
domaines, outre déployer des capacités de production électrique
reposant sur les technologies décarbonées, renouvelables et
nucléaire, garantissant ainsi une meilleure souveraineté énergétique.
Le gaz, clé de voûte d’une transition énergétique logique économique circulaire et permet le déploiement de solutions
Le gaz représente la clé de voûte d’une transition énergétique décentralisées. S’agissant de l’hydrogène, les panélistes ont souligné
durable, fiable et abordable, ont affirmé les intervenants au panel que cette matière est une nouvelle opportunité industrielle pour le
«Gaz naturel, vecteur de la transition énergétique et perspectives de Maroc et qu’il importe de développer les infrastructures y afférents
développement», relevant que la transition énergétique à l’horizon pour pouvoir accompagner la décarbonatation.
2050 connaît plusieurs incertitudes majeures, notamment en matière
de technologie et d’économie.
Focus sur le déploiement des énergies de sources
Il faut tirer le meilleur parti de chaque vecteur énergétique pour
réussir la transition, ont-ils souligné, notant que cette transition renouvelables
repose sur une intégration sectorielle approfondie entre vecteurs Les participants à la Conférence de l’Energie ont débattu aussi le
énergétiques mais aussi entre les secteurs de l’énergie, du transport temps d’un panel de l’»Accélération du déploiement des énergies
et de l’agriculture. Les intervenants lors de ce panel, ont mis l’accent de sources renouvelables», soulignant unanimement l’importance
sur l’importance du gaz pour réussir la transition énergétique puisqu’il de l’objectif du Maroc de passer de 11% à 40% d’énergie de sources
est à la fois disponible et compétitif, hors crise conjoncturelle actuelle, renouvelables à l’horizon 2050.
en particulier pour l’industrie, la production d’électricité et le transport Dans ce sens, Mme Nawal Khayatei, Seniors Partner auprès de Valyans
lourd. Évoquant les facteurs économiques et démographiques qui consulting, a affirmé que le Maroc a entamé sa transition énergétique,
jouent un rôle en matière de consommation d’énergie, les participants la capacité électrique d’origine renouvelable représentant, à fin 2020,
ont souligné la nécessité de l’électrification des économies, 37% du mix énergétique en termes de capacité de production, à
notamment dans le bassin méditerranéen. Ils ont, en outre, affirmé travers la mise en place de près de 3.950 mégawattheure de capacité
que le gaz naturel continuera à jouer un rôle dans le mix énergétique électrique renouvelable, avec cependant un retard de 5 points par
dans cette région. Les participants ont relevé que les énergies rapport à l’objectif fixé pour 2020.
renouvelables sont au cœur de la décarbonation de la Méditerranée,
insistant sur le fait que tous les efforts doivent être conjugués pour A cet égard, elle a relevé qu’une batterie de mesures a accompagné
réussir la transition énergétique. Faisant référence à la conjoncture le déploiement de cette stratégie énergétique nationale afin de
actuelle, les intervenants ont mis l’accent sur la nécessité d’assurer soutenir le sort des «EnR», dont la réglementation a initié l’ouverture
une flexibilité et une sécurité d’approvisionnement en matière du marché, avec une gouvernance dédiée, des mécanismes de
d’énergie. Ils ont également discuté du biométhane qui relève d’une financement et des actions de formation.
M. Abdellah KABIRI :
« Le Maroc possède un potentiel énorme en énergies
renouvelables pour la région ibérique »
our sa part, le directeur de pôle industriel auprès de l’Office National de
l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE), M. Abdellah Kabiri a indiqué que l’année 2021
Pa été marquée par la relance de l’économie mondiale, avec une forte demande
pour les combustibles et, par conséquent, l’augmentation des prix, aggravé par le
déclenchement du conflit russo-ukrainien.
«L’ONEE a été impacté par cette conjoncture, dans un premier temps au niveau de
la sécurisation de l’approvisionnement, sachant que sur le mix énergétique, 75% des
besoins nationaux sont satisfaits à travers les énergies renouvelables», a souligné M.
Kabiri.
«Ensuite, la flambée des prix a impacté le coût des ventes: sur une année la tonne de
charbon est passée de 75 dollars à 650 dollars, influençant ainsi le marché ibérique»,
a-t-il poursuivi.
«Le Maroc possède un potentiel énorme en énergies renouvelables pour la
région ibérique, puisqu’il jouit d’un gisement estimé à 6.600 mégawattheure avec
une production pouvant atteindre les 14.000 Térawattheure, grâce à la maturité
technologique solaire et éolienne», a précisé le directeur de pôle industriel de l’ONEE.
ENERGIE & STRA TÉGIE | 2 ÈME TRIMESTRE 2022