Page 19 - Revue Energie & Stratégie N° 60
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 HYDROGÈNE VERT :  WORLD RESOURCES INSTITUTE

 DANS LA COUR DES GRANDS
          LE MAROC TOUCHÉ PAR LE STRESS HYDRIQUE
                                                                 elon le rapport du  World Resources Institute (WRI), le Maroc
                                                                 figure parmi les pays qui souffrent le plus du stress hydrique.
                                                              SSur un total de 164 pays, le Royaume se hisse à la 23e place du
                                                              classement mondial, selon les données du rapport. Ainsi, le Maroc se
                                                              situe dans la case des pays avec un taux de stress hydriques « élevé ».
                                                              Pour la région de l’Afrique du Nord, le Maroc (3,89 points) se positionne
                                                              derrière la Libye, qui affiche un score total de 4,55 points, alors que
                                                              l’Égypte vient en dernière position (3,07 points).
                                                              Selon l’organisation, les régions les plus affectées au Maroc  sont les
                                                              zones les plus peuplées où l’agriculture est la plus développée.
                                                              La région de Chaouia – Ouardigha est la plus menacée par les
 LE MAROC SE PRÉSENTE COMME UN                                pénuries, avec un indice de 0,92 sur 1.  Le Grand Casablanca se
                                                              trouve dans les régions les plus tendues, avec un indice de 0,78, juste
 MODÈLE DE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE                             devant les régions de Marrakech – Tensift – Al Haouz, Tanger – Tétouan
                                                              et Taza – Al Hoceima – Taounate.
 e Maroc ambitionne de devenir une «destination» pour
 les énergies renouvelables, écrit le prestigieux magazine   e Maroc a continué durant l’année 2022 sur sa lancée en matière de   L’organisation affirme que « douze des dix-sept pays les plus touchés
 LForbes, soulignant que le Royaume entend inspirer   développement  de l’hydrogène  vert,  communément appelée  Power-  par le stress hydrique font partie de la région MENA, au Moyen-Orient
 d’autres pays à assurer la transition des combustibles   Lto-X, ne cessant d’attirer les grands investisseurs, au point d’être   et en Afrique du Nord. Les réserves d’eau sont très faibles et une
 fossiles  vers l’énergie renouvelable.  considéré par les observateurs comme un nouvel eldorado pour celle-ci.  forte demande a poussé la région dans une situation extrême ».
 Dans un article signé Llewellyn King, le média américain indique   En  effet,  le  Royaume  est  aujourd’hui  l’un  des  pays  les  mieux  positionnés   Selon World Resources Institute, 82 % des eaux usées dans la région
 que  la  région  du  Sahara  marocain  dispose  «d’immenses   dans la révolution de cette énergie verte, soit une technologie pour laquelle   ne sont pas réutiliser. En exploitant ces eaux, la région pourrait
 terres  et  énormément  de  soleil,  ce  qui  en  fait  un  endroit   il pourrait offrir les coûts de production parmi les plus bas au monde.  combler, dans un certain niveau, ses besoins en ressources
 attrayant pour installer des méga-centrales solaires, et c’est   hydriques  et  résoudre  les  problèmes  liés  à l’eau  sur la  planète,
 exactement ce que fait le Royaume du Maroc”.  D’ailleurs, le Maroc, qui jouit d’un potentiel « important » pour développer ce   préconise  l’organisation pour palier  à  cette problématique.
 nouveau secteur de la transition énergétique, a été en 2022 à l’avant-garde
 A ces potentialités s’ajoutent des ressources éoliennes   du déploiement de capacités solaires et éoliennes à grande échelle et ses
 substantielles  à l’intérieur du  pays et  sur les côtes, relève   ambitions d’atteindre plus de la moitié de son mix énergétique en énergies   PÉNURIE
 l’auteur de l’article, notant que le Maroc semble prêt à réaliser   renouvelables d’ici la fin de la décennie sont encore plus impressionnantes.
 son ambition affichée pour non seulement satisfaire ses         DES RESSOURCES EN EAU :
 propres besoins, mais devenir aussi un exportateur régional   Et c’est le média italien « L’Opinione delle Liberta » qui le confirme haut et
 vers l’Afrique du Nord et l’Europe.  fort. « Doté d’une vision ambitieuse, pragmatique et tournée vers l’avenir, le
 Maroc est un modèle à suivre en matière de transition énergétique », écrit   LES RÉGIONS SE MOBILISENT
 Désormais, le Royaume dispose d’une capacité de   le média qui tient à rappeler que « grâce à sa stabilité politique et sociale,
 production installée totale d’environ 11.000 MW, dont 4.030   le Royaume connaît de grandes transformations dans plusieurs secteurs
 MW d’énergies renouvelables, précise-t-il, ajoutant que 4.516   et mise plus que jamais sur l’hydrogène vert ».
 MW supplémentaires d’énergies renouvelables sont en
 construction ou prévus.  Dans ce contexte, le Maroc a lancé le premier Cluster de l’Hydrogène Vert en
 Afrique «Cluster Green H2 », composé d’acteurs publics et privés, nationaux
 Citant la ministre de la  Transition énergétique et du   et internationaux dans l’optique de travailler sur l’ensemble des évolutions
 développement durable, Leila Benali, le magazine américain   technologiques  dans  cette  filière  économique  et  industrielle  très
 fait remarquer que le Maroc pourrait exporter une plus grande   prometteuse, avec une ambition de devenir un acteur incontournable de
 partie de son électricité à partir des énergies renouvelables   l’exportation de l’hydrogène vert vers l’Europe à des coûts très compétitifs.
 vers l’Espagne, le Portugal et même le Royaume-Uni, signalant
 qu’actuellement, il existe deux interconnexions électriques   Il a été également question cette année, d’annoncer le développement
 avec l’Europe et une troisième est envisagée.  d’un projet de stockage d’hydrogène lancé par HDF Energy et la Somas
 qui permettra le stockage de ce gaz dans les cavités de la mine de sel de
 “La capacité des interconnexions est de 1.400 MW et   Mohammedia ainsi que la conclusion d’un contrat entre TotalEnergies et le
 l’électricité circule dans les deux sens, en fonction des   fabricant de denim espagnol Evlox, qui entend se renforcer sur le secteur   ’Association des régions du Maroc (ARM) a tenu une réunion
                                                                  d’urgence  à  Rabat,  consacrée  à  l’examen  de  la  situation  de
 conditions de production et du marché en Europe et au   industriel et commercial pour accompagner les entreprises dans leur   Lsécheresse et de la pénurie des ressources en eau que
 Maroc”, relève encore l’auteur de l’article.  transition énergétique au Maroc.  connaissent les différentes régions du Royaume, en raison de la
 Et de relever qu’une fois complété, le complexe Noor   Aussi, Total Eren, filiale de TotalEnergies, a engagé 10,69 milliards de dollars,   rareté des pluies cette année. Cette réunion, tenue le 8 août, a été
 Ouarzazate sera l’une des  plus grandes installations  de   en l’occurrence 100 milliards DH dans la réalisation d’un projet de production   l’occasion pour les présidents des conseils régionaux de mesurer
 production  d’énergie  solaire  au  monde,  couvrant  plus  de   d’hydrogène et d’ammoniac  verts, à Guelmim-Oued Noun. Soit un projet   l’impact du stress hydrique sur le secteur agricole et l’élevage du
 6.000  acres (environ  2430  ha).  qui sera à même de permettre au pays de décarboner certains secteurs   bétail, tout en affirmant la nécessité d’assurer l’approvisionnement
 À l’heure actuelle, le complexe se compose de trois centrales   majeurs de son économie dont le minier et le transport maritime, de créer   de la population en eau potable.
 électriques  distinctes  connues  sous  le  nom  de  Noor  I  (160   une  filière  industrielle marocaine  de  l’énergie  verte  qui  va  générer  des   Compte tenu du caractère prioritaire de la question, la présidente
 MW), Noor II (200 MW) et Noor III (150 MW), précise le magazine,   milliers d’emplois, directs ou indirects, non délocalisables et compétitifs,   de l’Association et les présidents des conseils régionaux ont salué
 ajoutant qu’une quatrième centrale, Noor IV (72 MW), est   en plus de desservir l’Europe en énergies propres.  les efforts déployés par le gouvernement, sous la sage conduite
 prévue. “On peut s’attendre à d’autres grandes stations   Placé par le World Energy Council Germany, comme l’un des cinq pays à   de SM le Roi Mohammed VI, pour trouver des solutions efficaces
 solaires ailleurs”, poursuit-il.  plus fort potentiel pour la production et l’exportation de molécules vertes   à la pénurie d’eau. Dans ce cadre, chaque conseil régional a
 Le média américain relève que le gouvernement marocain   (ammoniac, méthanol, etc.), le Maroc pourrait capter jusqu’à 4% du marché   mobilisé, en partenariat avec les départements concernés, un
 s’est engagé à fournir l’électricité à 100 % de la population,   mondial de l’hydrogène, soit près de 3 milliards de dollars, ce qui ne pourrait   budget conséquent afin d’atténuer la crise actuelle aux niveaux
 contre 99,4 % aujourd’hui.  que renforcer l’essor de cette industrie montante.  régional, rural et urbain.
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