Page 39 - Revue Energie & Stratégie N° 59
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ACTU NATIONALES 39
MME BENALI PREND PART À PARIS
À LA RÉUNION MINISTÉRIELLE DES
MEMBRES DE L’AIE
SECTEUR DE L’EAU AU MAROC :
a ministre de la Transition énergétique et du
Développement durable, Mme Leila Benali, prend POUR UNE AMÉLIORATION DE L’EFFICACITÉ
Lpart à la réunion ministérielle des membres de
l'Agence internationale de l’énergie (AIE), qui s’est DES INVESTISSEMENTS
tenue les 23 et 24 mars au siège de l’OCDE à Paris.
Mme Benali participe à cette réunion, la première ’eau, cette ressource vitale devenue de plus en plus rare, nécessite plus que
depuis 2019, à la tête d’une délégation composée de jamais une politique de gestion efficace tenant compte des défis majeurs
hauts responsables de son département. qui pèsent lourds sur l’approvisionnement de la population mondiale en eau,
Le Maroc a rejoint la famille de l'Agence Internationale Lnotamment les changements climatiques et la sécheresse.
de l'Energie en tant que pays associé en 2016. Au Maroc, plusieurs stratégies ont été adoptées en vue de garantir l’autosuffisance
Cette rencontre de haut niveau, qui rassemble en eau, en l’occurrence la construction de nouveaux barrages, l’achèvement des
les ministres de l’Energie de la famille de l’AIE, pays stations de dessalement d’eau de mer dans plusieurs villes du Royaume et la
membres et associés, ainsi que des dirigeants réutilisation des eaux usées, des mesures importantes mises en place pour une
mondiaux de l’énergie, constitue une plateforme gestion optimale du secteur de l’eau, qui souffre encore de plusieurs difficultés
d’échange pour relever l’ambition d’atteindre la selon la Cour des comptes.
neutralité climatique, à travers un soutien accru aux La juridiction, qui a réalisé une mission thématique sur le secteur de l’eau, a signalé
décideurs en matière d'énergie et de climat, et en que le Maroc figure parmi les 20 pays les plus «stressés» au monde en termes
activant davantage les initiatives visant à accélérer de disponibilité de cette ressource vitale, et dispose d’un potentiel en ressources
le développement de nouvelles technologies hydriques estimé à 22 milliards de m3 par an.
propres. Les eaux superficielles et souterraines mobilisées sont utilisées principalement
La réunion ministérielle, l’un des premiers dans l’irrigation (jusqu’à 88%), tandis que la fourniture d’eau potable et la
événements majeurs liés à l'énergie à se produire satisfaction des besoins des autres secteurs économiques sont assurées à
après la COP26, se déroule dans le contexte de deux travers les 12% restants.
crises profondes à court et à long termes avec Ainsi, la Cour des comptes pointe du doigt un ensemble de défis liés essentiellement
des implications pour la production, le commerce, à la mobilisation des ressources hydriques, à l’optimisation de leur usage ainsi
l'utilisation et la sécurité de l'énergie, à savoir la qu’à leur protection, mettant l’accent dans ce sens sur la nécessité de prendre les
pandémie du Covid-19 et le conflit russo-ukrainien, mesures nécessaires permettant la protection du domaine public hydraulique et
indique l'AIE. le renforcement de la police de l’eau.
Prennent part à ce forum des représentants de A cet effet, il faudrait activer le rôle des instances de concertation, de coordination
l'Union africaine et des ministres africains chargés et d’orientation stratégique, et surtout améliorer l’efficacité des investissements,
de l’énergie, en vue d’échanger sur des sujets étant donné qu’en matière de financement, l’eau est le parent pauvre des
d'intérêt pour le continent, notamment ceux liés aux investissements dans notre pays.
technologies énergétiques propres, au rôle de l’AIE Le secteur souffre en effet de difficultés sérieuses de financement, et le recours
pour soutenir les pays africains à atteindre l’ODD7 et au partenariat public-privé devrait être davantage développé, eu égard au
à accélérer leurs transitions énergétiques propres, nombre limité de contrats relevés à ce jour, pour remédier aux lacunes subies par
ainsi qu’à la coopération entre les Gouvernements plusieurs régions du pays de cette substance vitale.
africains et les organisations multilatérales pour L’expert en climat et développement durable, Mohamed Benabou, a indiqué que
garantir des investissements appropriés dans les le secteur de l’eau reste confronté aux défis majeurs liés à la raréfaction des
infrastructures et le renforcement des capacités. ressources en eau, à l’accentuation des phénomènes climatiques extrêmes, et
La réunion ministérielle réaffirmera le rôle de la sécheresse et surtout l’inadéquation des ressources avec des besoins en eau
premier plan de l'AIE notamment pour aider les croissants, ajoutée à une surexploitation des ressources en eau souterraine.
pays à prendre des mesures proactives face aux L’expert a également recommandé de suivre plusieurs pistes pour faire face
perturbations énergétiques, réduire leurs émission au stress hydrique, d’abord en réalisant les projets «matures» de connexions
et pour construire une véritable sécurité climatique interbassins et de lutter contre l’envasement qui réduit de 75 millions de m3 par
et énergétique, selon l'Agence. an la capacité globale de stockage des barrages.
La rencontre a porté plus particulièrement sur A cet égard, il a relevé que cette situation oblige à mieux repenser la mobilisation
la résolution des problèmes actuels de sécurité des ressources hydriques tout en luttant contre la surexploitation des eaux
énergétique, dans le sillage du conflit russo- souterraines.
ukrainien, l’accélération de la transition vers une En outre, M. Benabou a aussi rappelé les programmes lancés, notamment le Plan
énergie propre et l’intégration de l’énergie propre National de l’Eau, une politique hydraulique se basant sur la gestion de la demande
au cœur de la mission de l’AIE. en eau et la valorisation de l’eau, à travers la généralisation de l’accès à l’eau potable.
ENERGIE & STRA TÉGIE | 2 ÈME TRIMESTRE 2022