Page 14 - Revue Energie & Stratégie N° 62
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14 ACTU NATIONALES
MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE, NOOR
FINANCEMENT OUARZAZATE CONTRIBUE À LA TRANSITION
DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE DE L’AFRIQUE
ÉNERGÉTIQUE : e complexe Noor Ouarzazate, modèle de développement
durable, contribue à la transition énergétique de l’Afrique,
NÉCESSITÉ DE La affirmé le directeur général de la Banque africaine de
COMBINER développement (BAD) pour l’Afrique du Nord, Mohamed Azizi
PLUSIEURS « Pour faciliter le partage de l’expérience du Royaume en matière
SOLUTIONS des énergies renouvelables avec les autres pays africains, un
partenariat est mis en place entre le Maroc et la BAD, notamment
dans le cadre de la stratégie « Desert to Power » qui est déployée
e financement de la transition énergétique et écologique pour les pays du Sahel », a fait savoir M. Azizi, en marge des
(TEE), qui est inéluctable, souhaitable et désormais acceptée assemblées annuelles de la Banque qui se tiennent à Charm El
Lau plan mondial, nécessite de combiner un grand nombre de Cheikh.
solutions, estime le Senior Fellow at the Policy Center for the New D’après M. Azizi, le Maroc possède une politique de transition
South (PCNS), Christian de Boissieu. énergétique ambitieuse et investit massivement dans le domaine
Dans un Policy Paper intitulé « Financer la transition énergétique des énergies renouvelables. Et de noter que dès 2009, la Banque
et écologique », le Senior Fellow indique qu’il va falloir combiner un était le tout premier contributeur financier du projet, structuré
grand nombre de solutions pour le financement de la TEE, lesquelles selon une approche de partenariat public-privé.
vont exiger des innovations financières, l’application élargie des Quant à la mobilisation du secteur privé en faveur d’une
critères ESG (environnement, social, gouvernance), une adaptation croissance verte, le responsable a estimé que les gouvernements
de certaines réglementations bancaires et financières, en plus de nord-africains, les investisseurs privés étrangers et nationaux, les
coopération internationale. Dans ce sens, il a relevé que des pistes banques multilatérales de développement et les institutions de
ont déjà été lancées, des procédures et des instruments sont mis financement du développement doivent travailler ensemble
en place, mais tout cela reste insuffisant, notant qu’à très court « L’utilisation d’instruments et de mécanismes de financement
terme, il est indispensable que le sommet de juin 2023 à Paris,
préparatoire à la COP 28 de décembre 2023, débouche sur des innovants sera nécessaire pour mobiliser des financements du
propositions concrètes, et pas seulement de belles intentions, secteur privé tels que l’émission d’obligations sociales, vertes ou
liées à la soutenabilité, l’implémentation de marchés du carbone
sur deux sujets majeurs du financement de la TEE. Il s’agit, selon
M. De Boissieu, de faire évoluer le Fonds Monétaire International ou les annulations de dette en échange d’actions en faveur du
climat ». Pour M. Azizi, il est nécessaire de trouver des moyens
(FMI), la Banque mondiale et les autres Banques multilatérales innovants pour attirer les investissements du secteur privé, à
de développement dans une direction plus favorable à ce
financement, et attirer plus de capitaux privés en maximisant l’instar du partenariat entre la BAD, Africa50 et le Forum africain
des investisseurs souverains conclu en juin 2022 à Rabat pour
les effets de levier créés par les capitaux publics pour réussir la développer des projets d’infrastructures vertes et résilientes au
TEE. Pour atteindre le financement requis pour la TEE à l’horizon changement climatique dans toute l’Afrique.
2030, avec une perspective sur 2050, le Senior Fellow a estimé
qu’il va falloir mobiliser une large palette d’instruments financiers, C’est une étape importante pour accroître l’effet de levier des
ajoutant à cet égard que les pays avancés doivent combiner investissements et pour rassurer les investisseurs internationaux
financements intermédiés et financements de marché, alors que désireux d’investir en Afrique, a-t-il souligné, précisant que
les pays du Sud devront surtout faire appel à des financements les actifs gérés par les investisseurs institutionnels africains,
intermédiés, faute de marchés financiers suffisamment actifs. notamment les fonds souverains, les fonds de pension et les
compagnies d’assurance, sont estimés à plus de 2.000 milliards
En outre, M. De Boissieu a fait savoir que dans tous les pays, quel de dollars. Le complexe Noor Ouarzazate est l’un des plus grands
que soit leur niveau de développement, il faut envisager, si cela parcs solaires au monde. Avec une capacité totale de 580 MW
n’existe pas déjà, de créer un livret « vert », accessible auprès réparties sur quatre centrales solaires, il fournit de l’électricité
des banques, de la poste, des compagnies d’assurance, et à à près de deux millions de Marocains et contribue à l’accès à
tous les ménages, bénéficiant d’avantages fiscaux et, de ce fait, l’électricité via le solaire sur le continent africain.
soumis à un plafond par épargnant. Les États doivent continuer à
s’impliquer dans le financement de la TEE, indique le Policy Paper, et Structuré selon une approche de partenariat public-privé, le
ce en privilégiant des formules pas trop coûteuses en dépenses projet de complexe solaire Noor Ouarzazate a été soutenu par la
publiques, notamment des incitations fiscales plutôt que des BAD. Au total, la Banque basée y a apporté 485 millions de dollars
subventions directes, des dispositifs de garantie de l’État (voire sur les différentes phases.
également, dans certains cas, des collectivités territoriales) plutôt
que des financements publics bruts. Il a également mis en avant
l’engagement du transfert de 100 milliards de dollars, par an des
pays avancés vers les pays du Sud, afin d’aider ces derniers à
financer leur TEE, et qui doit être scrupuleusement respecté.
Par ailleurs, il a souligné l’importance de compter sur des convergences
régionales, dans l’Union européenne (UE), dans l’Union Africaine (UA),
en Asie..., et ne pas hésiter à s’appuyer sur l’essor rapide des agences
de notation extra- financière, et sur l’intégration souhaitable de la
notation financière et de la notation extra-financière. Le Policy Center
for the New South (PCNS) est un think tank marocain dont la mission
est de contribuer à l’amélioration des politiques publiques, aussi
bien économiques que sociales et internationales, qui concernent le
Maroc et l’Afrique, parties intégrantes du Sud global.
ENERGIE & STRA TÉGIE | 2 ÈME TRIMESTRE 2023