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Essaouira, la mythique “Cité des Alizés”, est bien plus qu’une destination touristique aux charmes indéniables. La perle atlantique du Maroc est devenue, au fil des années, le symbole d’une province déterminée à mettre à profit ses atouts naturels pour s’inscrire pleinement dans l’ambitieux chantier de la transition énergétique, lancé par le Royaume.
Au cœur de cette ambition, le vent, qui souffle avec régularité sur ses plaines et ses côtes, est une ressource clé.
Avec des vitesses moyennes oscillant entre 17 et 24 kilomètres par heure, le potentiel éolien de la province est parmi les plus prometteurs du Maroc.
C’est ce potentiel qui a permis à Essaouira d’émerger, dès 2007, comme un pionnier des énergies propres, avec l’inauguration du parc éolien d’Amougdoul. Ce projet, premier du genre à s’inscrire dans le cadre du Protocole de Kyoto, n’est pas uniquement une prouesse technique, mais témoigne également de la capacité du Royaume à allier engagement environnemental et développement économique.
Situé à seulement 15 kilomètres au sud de la ville, ce projet phare est aujourd’hui un modèle en matière de production d’énergie éolienne. Avec ses 71 turbines d’une puissance unitaire de 850 kW, il bénéficie de conditions naturelles exceptionnelles, notamment une vitesse de vent moyenne atteignant 9 mètres par seconde.
Cette configuration permet une production annuelle de 210 gigawattheures (GWh), soit de quoi alimenter des milliers de foyers, tout en réduisant les émissions de CO2 de près de 136.000 tonnes chaque année, selon la direction provinciale de l’Office National de l’Electricité et de l’Eau potable (ONEE) – Branche Electricité.
Forte de cette première expérience réussie, la Cité des Alizés a renforcé son engagement vers un avenir plus vert avec la mise en service, en octobre dernier, du parc éolien Jbel Lahdid, situé le long de la route nationale reliant Essaouira à Safi.
Installé sur trois crêtes, ce parc est doté de 54 turbines de 5 MW chacune, dont plusieurs composantes ont été fabriquées localement, confirmant ainsi le dynamisme de l’industrie marocaine, précise la direction provinciale de l’ONEE, notant que ce parc devrait produire environ 952 GWh par an, équivalant à la consommation électrique d’une ville de 1,2 million d’habitants, comme Marrakech ou Fès, tout en permettant une réduction annuelle de 580.000 tonnes de CO2.
Au-delà de ces projets stratégiques, l’ambition énergétique de la Cité des Alizés s’étend également au domaine de la formation professionnelle et de la recherche scientifique, avec des initiatives visant à renforcer les compétences locales et à encourager l’innovation dans ce domaine.
Dans cette perspective, l’École Supérieure de Technologie (EST) d’Essaouira, relevant de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, joue un rôle clé en proposant depuis plusieurs années des cycles de formation axés sur les énergies renouvelables et le développement durable.
“Ces cursus spécialisés visent à assurer la formation d’une nouvelle génération d’ingénieurs et de techniciens capables de répondre aux besoins croissants du secteur énergétique et de contribuer activement à l’essor de technologies propres adaptées au contexte marocain”, a confié, Khouloud Kahime, professeure à l’EST d’Essaouira.
En parallèle l’établissement collabore avec des entreprises nationales et internationales, ainsi qu’avec des centres de recherche, pour offrir aux étudiants des opportunités de stages et de projets pratiques dans des domaines tels que la gestion des parcs éoliens, l’efficacité énergétique et la conception de solutions innovantes pour l’exploitation des ressources renouvelables.
“Ces initiatives pédagogiques sont renforcées par l’organisation régulière de séminaires, de journées portes ouvertes et d’ateliers sur les enjeux climatiques et énergétiques, ouverts aussi bien aux professionnels qu’au grand public, traduisant ainsi une volonté d’impliquer la communauté souirie dans la dynamique de la transition énergétique, en sensibilisant les jeunes générations aux défis environnementaux à l’effet d’assurer un avenir durable”, a relevé Mme Kahime, également présidente du Centre International de Recherche et Renforcement de Capacités de recherche (CI2RC).
Mais cet engagement d’Essaouira ne se limite pas à la production de l’énergie propre. La province accorde aussi une importance cruciale à la préservation de son patrimoine naturel, comme en témoigne l’implication active de la société civile locale dans cette mission.
L’Association “Moga Green”, à l’instar d’autres acteurs, joue particulièrement un rôle prépondérant dans cette dynamique et œuvre, aux côtés de ses partenaires, à mettre en place des initiatives visant à préserver les écosystèmes fragiles, sensibiliser la population aux enjeux environnementaux et promouvoir des pratiques durables.
“Notre objectif est d’inculquer une véritable culture écologique au sein de la communauté locale, afin que chaque citoyen puisse devenir un acteur du changement “, a souligné dans une déclaration, le président de l’association, Hicham Aguerd.
Grâce à une approche intégrée combinant projets énergétiques d’envergure, formation de pointe, recherche scientifique et sensibilisation, Essaouira s’affirme aujourd’hui comme un modèle de réussite dans la transition énergétique et incarne la promesse d’un avenir durable, où développement économique et respect de l’environnement se conjuguent harmonieusement.