Appel à une législation spécifique à la protection environnementale des sols au Maroc
Des chercheurs nationaux et internationaux et des décideurs ont appelé, le 15 mai à Rabat, à la mise en place d’un cadre institutionnel et réglementaire de conservation et de protection des sols au Maroc afin de répondre efficacement aux impératifs de développement durable et de sécurité alimentaire dans le Royaume.
Intervenant dans le cadre d’un atelier co-organisé par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA), les participants ont débattu des différentes mesures clés à intégrer dans les politiques nationales en vue de garantir une gestion durable spécifique aux sols.
S’exprimant à cette occasion, le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, Redouane Arrach, a passé en revue les différents facteurs impactant la qualité des sols au Maroc, rappelant que le Royaume veille à intégrer la question du sol dans l’ensemble de ses plans nationaux de développement agricole.
Toutefois, M. Arrach a fait remarquer que la question du sol est mentionnée de manière générale dans les différentes lois relatives à l’environnement, appelant à fédérer les efforts dans le but d’aller vers une législation spécifique relative à la question du sol, particulièrement dans l’optique de garantie de la sécurité alimentaire.
Il a souligné ainsi la nécessité d’établir un cadre règlementaire qui soit en mesure de donner aux terres leur vraie vocation, tout en tenant compte des particularités du contexte marocain et des pressions liées notamment aux effets du changement climatique.
Pour sa part, le directeur de l’INRA, Faouzi Bekkaoui, a fait savoir que cet atelier, a pour principal but de partager les résultats de la consultation nationale sur le cadre institutionnel et réglementaire de la conservation et de la protection des sols au Maroc.
Cet événement vise aussi à initier un dialogue entre chercheurs et décideurs pour sensibiliser aux défis urgents liés à la dégradation des sols au Maroc en plus de finaliser les détails pratiques dudit cadre institutionnel et réglementaire, en tenant compte des besoins spécifiques du Royaume en la matière.
Bekkaoui a également mis en avant les axes de recherche menée par l’Institut portant sur la caractérisation, la préservation et la valorisation des ressources naturelles, particulièrement le sol, notant que des actions se poursuivent, en partenariat avec les différents partenaires concernés, en vue d’améliorer la cartographie et la qualité de cette ressource naturelle non renouvelable.
De son côté, le représentant de la FAO, Jean Senahoun, a mis en relief l’importance du sol comme élément vital de l’environnement naturel dont est issue la majeure partie de notre alimentation, outre son rôle crucial dans la régulation de l’eau et du climat ou encore dans la conservation de la biodiversité.
Après avoir souligné les engagements forts pris par le Royaume à l’échelle internationale en matière de développement durable et de protection de l’environnement, M. Senahoun a mis l’accent sur la nécessité de mettre en place une gestion intégrée et durable des ressources naturelles productives, en particulier les sols.
A cet effet, cet atelier, a-t-il précisé, est une occasion de se réunir dans le cadre d’un projet de coopération technique initié par la FAO pour accompagner les efforts du Maroc dans son processus de développement d’outils nécessaires à une gestion efficace des ressources en sols.
Lors de cet atelier, les différents participants ont dressé un état des lieux sur l’état des sols au Maroc, les principaux processus de leur dégradation et déperdition, ainsi que sur la législation nationale en vigueur.
Les résultats du rapport national sur le cadre réglementaire et institutionnel de conservation et de protection des sols au Maroc font notamment ressortir que 30% de la superficie totale des sols est plus ou moins “caractérisée”.
Le rapport souligne également l’impératif d’une stratégie au niveau national qui soit en mesure d’atténuer la dégradation des sols et d’augmenter la productivité de manière durable, à la faveur d’une agriculture raisonnée assurant une alimentation durable pour les générations futures.