Urgence climatique oblige, l’Union européenne semble avoir pris les devants pour accélérer sa transition énergétique vers un modèle sobre en CO2. Elle s’est dotée, à cet effet, du cadre législatif et des outils devant permettre d’atteindre cet objectif, en particulier dans le secteur des transports.
C’est dire que les enjeux sont de taille, à un moment où le réchauffement climatique est devenu une réalité tangible, qui se manifeste par la recrudescence des sécheresses, des vagues de chaleur et leurs lots d’incendies, de catastrophes naturelles, sans oublier des effets moins perceptibles mais plus épars, affectant durablement la qualité de l’environnement de la Terre et la vie de ses habitants.
Le mois de juillet dernier, officiellement le plus chaud de l’histoire de l’humanité, s’apparente à une sonnette d’alarme quant à l’impact désastreux du réchauffement climatique, un phénomène lié directement à l’action de l’Homme, selon les scientifiques.
Soucieux de ”montrer la voie” dans la lutte contre le dérèglement climatique, les Vingt-Sept ont adopté récemment de nouvelles directives pour accélérer la marche vers la décarbonation de l’économie et la transition vers les énergies vertes, des objectifs qui sont autant de conditions sine qua non si le monde veut ralentir le réchauffement et éviter un avenir sombre.
Ces actes législatifs font partie du paquet “Ajustement à l’objectif 55”, qui vise à mettre les politiques de l’UE en conformité avec l’engagement de l’Union de réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 1990, et d’atteindre la neutralité climatique en 2050.
Le secteur des transports, l’un des plus grands contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre, est particulièrement ciblé par ces nouvelles mesures, avec pour ambition de favoriser la mise en place d’un réseau de transport et de logistique s’appuyant essentiellement sur les énergies renouvelables.
Cela passe obligatoirement par le déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs et stations de recharge en électricité, à même de permettre au secteur de réduire considérablement son empreinte carbone.
A ce titre, l’UE vient d’adopter un règlement qui prévoit des objectifs de déploiement spécifiques de cette infrastructure qui devront être atteints en 2025 ou 2030. Concrètement, davantage de stations de recharge des véhicules électriques et de ravitaillement en carburants alternatifs seront déployées dans les années à venir dans toute l’Europe.
A partir de 2025, des stations de recharge rapide d’au moins 150 kW pour voitures et camionnettes doivent être installées tous les 60km le long des principaux corridors de transport de l’UE, formant le “réseau transeuropéen de transport” (RTE-T), de même que des stations de recharge pour véhicules utilitaires lourds d’une puissance minimale de 350 kW doivent être déployées tous les 60 km le long du réseau central du RTE-T et tous les 100 km sur le réseau global plus vaste du RTE-T, pour une couverture complète du réseau d’ici 2030.
En outre, des stations de ravitaillement en hydrogène pour voitures et camions doivent être déployées à partir de 2030 dans tous les nœuds urbains et tous les 200 km le long du réseau central RTE-T, selon les projections de l’Union.
Les transports maritimes et aériens sont également concernés. Les ports accueillant un nombre minimal de grands bateaux à passagers, ou de porte-conteneurs, doivent fournir de l’électricité à quai à ces bateaux d’ici 2030. Les aéroports doivent, de leur côté, fournir de l’électricité aux aéronefs en stationnement à toutes les portes d’embarquement d’ici 2025 et à tous les postes de stationnement au large d’ici 2030.
« Nous avons bon espoir que, dans un avenir proche, les citoyens pourront recharger leur voiture électrique aussi facilement qu’ils mettent aujourd’hui de l’essence dans les stations-service traditionnelles », a déclaré à cet égard la ministre espagnole des transports, de la mobilité et du programme urbain, Raquel Sánchez Jiménez, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE.
Une ambition qui rejoint le souhait des Européens, dont 58% désirent voir s’accélérer la transition écologique, selon une récente enquête Eurobaromètre.
Une grande majorité des Européens (93%) estime que le changement climatique est un problème grave auquel le monde est confronté, et 87 % des sondés considèrent qu’il est important que l’UE fixe des objectifs ambitieux pour accroître l’utilisation des énergies renouvelables.
Les observateurs sont unanimes sur la nécessité de prendre des mesures rapides, en Europe et ailleurs, pour substituer les énergies fossiles dans le secteur des transports. Ils soulignent aussi que des efforts considérables doivent être mis en œuvre pour changer les habitudes et déployer l’infrastructure nécessaire à un mode de mobilité neutre en carbone. Reste à voir si les objectifs de la feuille de route européenne sont réalisables selon le calendrier prévu.