Les enjeux et les défis du financement de “la transition verte” en Afrique ont été au cœur des débats lors d’une session organisée, le 2 novembre à Marrakech, dans le cadre de la Réunion du groupe d’experts de la Commission Économique pour l’Afrique (CEA).
Les participants à cette session ont été unanimes à relever que le financement de cette transition verte constitue un enjeu majeur dans un contexte marqué par un endettement croissant des pays africains et une faible mobilisation des ressources domestiques.
Tout en appelant les pays développés à honorer leurs engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et à débourser l’aide financière promis aux pays moins bien dotés et plus vulnérables aux changements climatiques, les intervenants ont estimé qu’il appartient à l’Afrique d’investir environ 200 milliards de dollars par an d’ici 2025 pour atteindre la transition vers un modèle de développement “vert”.
Intervenant à cette occasion, le Directeur de la Division Technologie, Changement Climatique et Gestion des Ressources Naturelles à la CEA, M. Jean Paul Adam, a salué le modèle marocain de financement vert à travers des obligations vertes, relevant que le Royaume a développé un véritable écosystème des marchés de capitaux pour la mobilisation des ressources à la fois nationales et de l’étranger nécessaires à la réalisation de cette transition verte.
L’expérience marocaine en termes de financement de la transition verte peut être bénéfique sur l’échelle continentale.
De son côté, M. Vimal Thakoor, économiste auprès du Fonds Monétaire International (FMI), a préconisé l’encouragement du secteur privé à investir dans la transition verte en Afrique, et à soutenir l’accès aux financements verts et la conversion de dettes des pays africains en investissements.
Le représentant de la Moroccan Agency for Sustainable Energy (MASEN), M. Mehdi Benjelloun, a pour sa part, présenté l’expérience de cette agence dans le domaine du financement de la transition verte, qui se base sur une combinaison entre actions publiques et privées, en vue d’optimiser la répartition des risques, ce qui se traduit par une réduction significative du tarif de l’électricité.
Dans ce sens, il a relevé que l’accréditation de MASEN par le Fonds Vert pour le Climat (FVC) en 2021, a permis à cette agence marocaine d’accéder à une palette de financements nouveaux, et de bénéficier des conditions avantageuses et adaptées à différents types et tailles de projets verts, élargissant ainsi le spectre des instruments financiers mobilisables.
Cette session a été l’occasion de discuter des écosystèmes de financement vert qui peuvent aider les pays africains à mobiliser leurs propres ressources et a servi de plateforme pour l’échange de perspectives sur les options pour l’échange de dettes des pays africains contre des mesures d’adaptation au climat.
Initiée par les Bureaux sous-régionaux en Afrique du Nord et de l’Ouest de la CEA, cette réunion de deux jours, vise la formulation de recommandations politiques concrètes et l’élaboration d’actions prioritaires pertinentes pour s’attaquer aux innombrables facteurs entravant le développement durable, en particulier en Afrique du Nord et de l’Ouest.
Placée sous le thème “Résilience aux crises et durabilité du développement en Afrique du Nord et de l’Ouest”, cette réunion rassemble des chercheurs en politiques publiques, des experts des États membres et des représentants d’institutions internationales dans les domaines de la sécurité alimentaire et énergétique, finance – Fintech, numérique, agriculture, énergie, PME, entrepreneuriat féminin, gestion des risques, économie de l’environnement et changement climatique.
La réunion du groupe d’experts s’articule autour de 4 sessions, à savoir : “Des systèmes alimentaires et énergétiques résilients en Afrique du Nord et de l’Ouest”, “Mettre à profit les possibilités offertes par le dividende démographique et le développement des PME, sur fonds d’insécurité alimentaire et énergétique”, “Les échanges commerciaux pour la création de systèmes alimentaires et énergétiques résilients et durables” et “Financement de la transition verte”.