Le Maroc ambitionne de se positionner comme une base industrielle sobre en carbone et circulaire
Le Maroc ambitionne de se positionner comme une base industrielle sobre en carbone et circulaire, a indiqué la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, en marge de sa participation au sommet sur le climat COP26.
Sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI, le Maroc a adopté, durant les deux dernières décennies, une approche volontariste tournée vers une économie verte et inclusive, a relevé Mme Benali, précisant que cet engagement s’est traduit par l’adoption de la Stratégie nationale de développement durable (SNDD) en juin 2017.
Il s’agit d’une stratégie qui ambitionne d’assurer une transition vers une économie verte d’ici 2030 à travers une myriade de réformes politiques, institutionnelles, réglementaires et financières, a-t-elle expliqué, précisant que la priorité, sur les 10 prochaines années, est axée sur la simplification du cadre réglementaire et institutionnel, tout en donnant l’impulsion nécessaire aux financements dans des secteurs clés comme le développement des énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, la gestion durable des déchets et la résilience face aux impacts des changements climatiques.
Dans ce sens, la SNDD constitue le cadre “fédérateur” pour l’intégration de la durabilité dans toutes les politiques sectorielles, a fait savoir la ministre, soulignant que cela offre l’opportunité pour le Maroc de consolider sa position avant-gardiste sur la question du changement climatique et du développement durable.
“J’aime penser que nous arriverons à faire cela en impulsant un choc de compétitivité dans certains secteurs stratégiques, (…) mais également en réduisant le coût de la facture énergétique marocaine pour les ménages, les industriels, les services et tout le tissu économique marocain”, a-t-elle dit.
Pour la ministre, il est “important” d’opérer ce virage dans un contexte de relance post-Covid, surtout que “nous avons une reconfiguration complète des chaines de valeurs mondiales”.
Il y a énormément de chantiers stratégiques qui ont été lancés avec pour but de positionner le Maroc comme une base industrielle sobre en carbone et circulaire, a fait observer Mme Benali.
S’agissant des attentes du Royaume par rapport aux négociations à la COP26, la ministre a fait savoir qu’elles ne se dissocient pas de celles des pays en développement, “notamment nos partenaires africains qui comprennent la question de l’adaptation, le rehaussement de l’ambition en matière d’atténuation et le financement climatique”.
À cet égard, elle a insisté sur la nécessité d’avoir de la transparence en ce qui concerne les mécanismes du marché carbone, ainsi que sur la mise en place de mécanismes de transparence souples, évolutifs et adaptés aux capacités des différents pays.
Or, le mécanisme de transparence de l’Accord de Paris est resté sans résultats lors de la COP25, a déploré Mme Benali, émettant le souhait de le voir évoluer lors de la COP26.
Elle a par ailleurs mis l’accent sur la question du financement, soulignant qu’il est important “et même critique” de déployer de manière rapide mais également judicieuse les 100 milliards de dollars qui sont en train d’être mobilisés par les pays développés.
Ensuite, il s’agira de définir un nouvel objectif de financement après 2025, car il est important de donner de la visibilité et de restaurer la confiance entre les pays développés et ceux en développement, d’autant que le marché du carbone deviendra probablement l’un des plus gros marchés du 21è siècle, a-t-elle dit.
En ce qui concerne l’apport du Pavillon Maroc, Mme Benali a relevé qu’en dépit des conditions particulières liées à la pandémie de la Covid-19, celui-ci sert de plateforme pour partager l’expérience marocaine en matière de développement durable et de lutte contre le changement climatique notamment à travers un programme de travail constitué de plusieurs événements parallèles qui y sont organisés.
Des thèmes variés ont été choisis tels que les métriques d’adaptation, la mobilité durable, l’autonomisation des jeunes pour des solutions innovantes et concrètes, l’agriculture intelligente et la sécurité alimentaire, a précisé la ministre.
Cet espace d’échange permet de consolider le rayonnement du Maroc “en tant que Nation très engagée auprès de la communauté internationale dans la lutte contre le changement climatique”, ainsi que de promouvoir les initiatives marocaines lancées depuis la COP22 à Marrakech, a-t-elle poursuivi. Elle a cité, dans ce cadre, les initiatives « Adaptation de l’Agriculture pour l’Afrique », «Sécurité, Stabilité et Soutenabilité » et « Ceinture bleue ».
Elle a fait remarquer dans ce contexte que “le Pavillon Maroc à la COP 26 sert surtout de lieu de rencontres bilatérales aussi bien pour renforcer la coopération internationale en matière de lutte contre le changement climatique, que pour la coordination de l’équipe de négociation marocaine”.
Dans ce sens, la ministre a indiqué que la Coopération Sud-Sud notamment avec les pays d’Afrique constitue, depuis quelques années, un axe prioritaire de la politique étrangère du Maroc.
“C’est un engagement politique impulsé par SM le Roi, qui préconise une solidarité agissante en faveur du continent africain”.
De plus, le secteur de l’environnement constitue un domaine qui occupe de plus en plus une place importante dans les relations de coopération Sud-Sud, au vu des nombreuses opportunités qu’il offre en matière d’investissement et de création d’emplois.
C’est dans cette perspective que s’inscrivent les 26 accords que le Royaume a signés dont 12 avec des pays africains, a-t-elle noté, précisant que ces accords portent essentiellement sur l’échange d’expériences, le transfert du savoir-faire, l’assistance technique ainsi que le développement de projets conjoints dans les différents domaines de l’environnement et du développement durable.
Dans la même veine, Mme Benali a indiqué que le Sommet africain de l’action tenu à Marrakech en 2016 en marge de la COP22, a décidé, à l’initiative de SM le Roi, de mettre en place trois Commissions Climat au niveau régional, à savoir la Commission du Bassin du Congo, la Commission du Sahel et la Commission des petits États insulaires, “actant ainsi un engagement continental de l’Afrique en faveur du Climat”.
Sur la question des Contributions déterminées au niveau national (NDC), la ministre a indiqué que les parties à l’Accord de Paris sur le climat sont appelées à réviser, tous les cinq ans, leurs NDC, notant que le Royaume, qui est reconnu par son leadership en la matière, a actualisé sa Contribution en augmentant son niveau d’ambition par rapport à celui de 2016, dans le cadre d’un large processus de concertation avec tous les acteurs concernés.
De plus, la première NDC du Maroc était déjà alignée sur l’objectif de 1,5°C, a précisé Mme Benali, notant qu’elle était considérée parmi les plus ambitieuses, “ce qui a valu à notre pays de se classer parmi les cinq premiers au monde dans le dernier rapport sur l’Indice de Performance Climatique de 2021 publié par des ONG indépendantes”.