Les participants aux travaux du symposium ”L’économie verte au Maroc, la stratégie de lutte contre le changement climatique et le New Green Deal européen”, tenu le 21 mai à Rabat, ont appelé à une économie verte, inclusive, équitable et durable. Initiée par le Lions Club international, District 416 Maroc, cette rencontre, marquée par la présence de spécialistes de divers horizons, a mis en lumière différentes thématiques, dont “La transition énergétique et la relance économique verte au Maroc, quels impacts du New Green Deal européen ?”, “La lutte contre le changement climatique et l’agriculture durable au Maroc, quels enjeux du pacte vert européen? et “Quel rôle joue la société civile dans l’implémentation des stratégies et projets en matière de développement durable ?”.
Dans leurs recommandations, les panélistes ont appelé à développer les filières des énergies renouvelables par la mise en place d’un dispositif d’incitation, de remise à niveau, de normalisation et d’accompagnement des acteurs économiques pour les inciter à investir dans les maillons de la chaîne de valeur des énergies renouvelables, l’émergence d’un savoir-faire technologique et industriel marocain et le renforcement d’une fiscalité verte.
Il est également question d’encourager le transfert technologique et la création de départements Recherche, Développement et Industrie dans les PMEs, de créer des incubateurs technologiques, d’encourager le recrutement d’ingénieurs chercheurs et de docteurs dans les PME, ainsi que de financer des projets de valorisation de l’innovation à travers les crédits impôts recherche et des appels à projets. Les intervenants ont appelé à appuyer le secteur agricole marocain pour adopter les nouvelles techniques lui permettant de diminuer son empreinte carbone, notamment à travers le renforcement et l’intensification des financements verts dans le développement agricole durable.
En matière de lutte contre les changements climatiques, les experts ont souligné l’importance pour le Maroc de commencer à se préparer pour surmonter l’impact potentiel du mécanisme européen d’ajustement des émissions de carbone aux frontières (MACF) sur les exportations agricoles nationales et commencer à anticiper les risques et opportunités qui lui seront associés. Il s’agit aussi d’améliorer la gouvernance, de mettre à jour l’arsenal juridique requis et de veiller à son application et de mobiliser les acteurs du développement local, à travers l’accélération des processus de décentralisation et de déconcentration ainsi que d’appliquer le principe constitutionnel de la Démocratie Participative en accordant aux ONG les moyens qui leur permettent de s’acquitter de leurs responsabilités, ont recommandé les panélistes.
Ils ont aussi mis l’accent sur l’importance d’encourager et de soutenir les actions écologiques à but social qui permettent de lutter contre la pauvreté ainsi que d’encourager l’éducation à l’environnement et l’éducation inclusive en direction des enfants à besoins spécifiques. S’exprimant dans une déclaration à M24, la chaîne d’informations en continu de l’Agence MAP, le directeur général de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), Saïd Mouline, a relevé qu’il y a des taxes carbones qui se préparent au niveau européen, auxquelles il faut se préparer. “Nous sommes prêts non seulement à décarboner notre industrie mais également à baisser les factures énergétiques des industriels, qui deviendront dans l’avenir plus compétitifs”, a-t-il ajouté, relevant qu'”il y a aussi un côté social qui est mené avec la société civile et qu’il faut accompagner”.
De son côté, M. Badr Ikken, directeur général de l’Institut de Recherche en Énergie solaire et Énergies nouvelles, (IRESEN), a indiqué que le programme Green New Deal de l’Union européenne (UE) représente une grande opportunité pour le Maroc puisqu’il vise à concilier entre réduction des gaz à effet de serre et création des emplois. Pour le Royaume, qui s’est déjà engagé dans la transition énergétique et dans la décarbonation de son secteur électrique, de ses entreprises et de ses industries, “cela va permettre de cibler le marché européen avec des produits décarbonés”.
Pour sa part, Saïd El Hadi, président de la Commission économie verte de la CGEM, a fait observer que “le Maroc a tout intérêt à adhérer au pacte vert européen puisque cela lui permettrait de se positionner de manière compétitive pour accélérer sa propre transition technologique”.
Le Maroc pourrait avoir “une opportunité importante en élargissant le concept de libre-échange au sens douanier que nous avions déjà depuis les années 1990 avec l’Europe à la notion du carbone afin d’éviter ce contrôle aux frontières carbone et les coûts associés”.
Définissant le pacte vert pour l’Europe, Rajae Chafil, directrice du Centre de compétences changement climatique (4C Maroc), a relevé que ce Pacte est un ensemble d’initiatives politiques proposées par la commission européenne dans le but primordial de faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone d’ici 2050.
Il porte sur plusieurs éléments, notamment la mobilisation de la recherche et l’encouragement de l’innovation, la réalisation de l’objectif “zéro pollution” pour un environnement sans substances toxiques et la préservation des écosystèmes et de la biodiversité.
Pour sa part, Allal Chibane, consultant dans le domaine du Bio et de la qualité liée à l’origine, a mis en exergue les pratiques utilisées dans l’agriculture biologique en relation avec le développement durable et la résilience aux changements climatiques. Il a, à ce propos, noté que l’unité de production doit passer par une période de conversion dont la durée dépend de la filière et de l’emplacement et l’historique de l’unité. Pour sa part, la présidente d’Espod Maroc, Sabah Chraibi, a indiqué que le nombre des associations au Maroc se chiffre à près de 150.000, un chiffre important certes mais qui ne reflète pas les multiples facettes de l’intervention de la société civile, notamment dans le domaine du développement durable. Elle a appelé à la promotion d’une véritable culture de participation citoyenne en matière de développement durable, à travers notamment la promotion des métiers de l’environnement par la création d’unités de recyclage des tissus à travers tout le Royaume.
De son côté, Abdelhadi Bennis, Ingénieur Horticole de l’Ecole de Versailles, militant associatif en environnement, a mis l’accent sur la nécessité d’innover, oser et plaider tout en sensibilisant sur le terrain pour trouver des solutions aux problèmes inhérents à la cause environnementale. Il a appelé à engager un dialogue avec les décideurs publics et à encourager une participation efficace dans les différents mécanismes de prise de décision, mettant en évidence la nécessité de fédérer les actions pour assurer un meilleur avenir aux générations futures.
Pour Aicha Detsouli, ex-qualité Professeure à l’IAV Hassan II, présidente de “Travive Greening-Madinaty” et PDG Lions, la société civile, acteur clé de développement, doit occuper une place importante dans l’implémentation des stratégies et projets du gouvernement en matière de développement durable. Elle a relevé l’existence d’une relation intrinsèque entre tous les problèmes de l’environnement et les aspects de pauvreté, car celle-ci, a-t-elle dit, est parfois causée par les perturbations de l’environnement.