Transition énergétique : L’essentiel de l’avis du CESE
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a présenté, le 9 juillet, lors d’une rencontre virtuelle, son avis intitulé « Accélérer la transition énergétique pour installer le Maroc dans la croissance verte ».
Élaborée selon une approche participative, plus de 60 experts et acteurs ayant été auditionnés (ministères, MASEN, ONEE, IRESEN, AMEE, OCP, CGEM, etc.), l’étude du CESE propose les préalables qui devraient soutenir la mise en place d’une stratégie renouvelée sous l’angle de la transition énergétique. En voici l’essentiel :
– En accélérant sa transition énergétique, le Maroc peut exploiter, au bénéfice de ses citoyens, un gisement énergétique exceptionnel désormais économiquement viable.
– Le Maroc possède un potentiel d’énergie verte exceptionnel. Son exploitation permettrait de positionner le Maroc en leader de la transition énergétique.
– Le CESE a à cet effet examiné 3 scenarii à horizon 2030, 2040 et 2050 et exploré ainsi les options stratégiques à adopter dès aujourd’hui. Ainsi la dépendance énergétique et la dépendance spécifique aux produits pétroliers pourraient baisser jusqu’à 17% en 2050, alors que la part de renouvelable pourrait atteindre 96% de la puissance installée du mix électrique au même horizon.
– La facture énergétique pourrait se réduire de 12% alors que l’énergie consommée serait multipliée par 3, tandis que la balance des paiements serait allégée de 74 milliards de dirhams (MMDH) en 2050.
– L’introduction des énergies renouvelables réduirait fortement les émissions de gaz à effet de serre de 30% et les rejets de particules d’environ 50%, améliorant ainsi la santé de la population et renforçant l’atténuation face aux changements climatiques.
– La transition énergétique accélérée pourrait ainsi créer de nombreux bénéfices pour les citoyens, les entreprises et les finances publiques. Pour en tirer bénéfice, le CESE préconise de traiter de manière coordonnée et intégrée, plusieurs politiques connexes, actuellement, pensées et élaborées en silos.
* En maximisant la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique total ;
* En encourageant le déploiement de la décentralisation de la production soutenue par la digitalisation ;
* En généralisant le recours à l’efficacité énergétique ;
* En mettant en place une transition vers la mobilité durable et notamment électrique ;
* En améliorant les coûts de production du dessalement afin de répondre aux impératifs de sécurité hydrique et alimentaire ;
* En produisant des molécules et des combustibles verts (power to X).
– Une nouvelle stratégie énergétique doit désormais être mise en place avec des options claires, une gouvernance adaptée et un positionnement international renouvelé.
– Compte tenu de son potentiel et des évolutions mondiales, le Maroc devra placer les énergies renouvelables au centre de nouveaux choix stratégiques mieux définis, à travers notamment :
* L’augmentation de la part de l’électricité verte dans le mix énergétique pour baisser les coûts et décarboner la production décentralisée et la digitalisation;
* La transformation de la mobilité vers un transport en commun de qualité, massifié, propre, digitalisé et électrique ;
* Une réforme de la compensation du butane qui préserve sa dimension redistributive ;
* Le recours au dessalement d’eau de mer, couplé à l’énergie renouvelable, comme l’une des solutions pour l’eau potable et pour certaines cultures agricoles, en complément d’une gestion optimale de la demande ;
* La préparation, grâce au Power to X (PtoX) de la compétitivité énergétique du futur.
– D’après le Conseil, ce nouveau paradigme énergétique peut jouer un rôle clef dans le positionnement international du Maroc, à travers le renforcement des échanges avec l’Europe et la construction de partenariats africains, ou encore le lancement de nouvelles filières énergétiques et de partenariats stratégiques avec l’Europe et l’Asie.
– Le CESE recommande de mettre en place une charte de la transition énergétique telle que contenue dans la Lettre Royale adressée aux premières Assises nationales de l’énergie, en mars 2009.